« Il n’y a pas mieux qu’un pêcheur pour comprendre les besoins des autres pêcheurs. C’est sur cette prémisse que Francis Parisé s’est lancé en affaires. Dans ce texte, je vous invite à découvrir la façon dont son entreprise participe à la décarbonisation des océans en construisant des bateaux de pêche de nouvelle génération. » – Luc Sirois, Innovateur en Chef du Québec
Lorsqu’il a créé son entreprise en 2017, Francis Parisé souhaitait offrir à ses compatriotes pêcheurs de crabes des bateaux à la hauteur de leurs attentes. Si d’entrée de jeu son objectif d’affaires était plutôt modeste, il a dû réagir rapidement à un accueil plus qu’enthousiasme. En un peu plus de cinq ans, Conception navale FMP a ainsi fabriqué près d’une douzaine de navires de pêches, en plus de procéder à trois agrandissements de ses installations. Sur cette poussée d’adrénaline, l’entreprise familiale s’attaque maintenant à l’hybridation des bateaux de pêche, apportant ainsi sa contribution à l’objectif de décarbonisation des océans.
Inauguré en mars 2017 par Francis Parisé et ses deux fils, Matthew et Francis junior, le chantier de Conception navale FMP a entrepris, dès sa première année d’opération, la fabrication d’un crabier en acier de 75 pieds, alors qu’il s’était pourtant donné pour mission de concevoir des homardiers en aluminium de petit gabarit (40 pieds).
« Pêcheur de crabes particulièrement ingénieux, Francis Parisé est un homme de défi, souligne en riant Catherine Doiron, directrice adjointe de l’entreprise. Si cette demande initiale les a un peu pris au dépourvu, les Parisé n’ont pas hésité longtemps avant d’accepter de réaliser la commande. »
L’aluminium québécois à l’honneur
Mme Doiron explique que la grande majorité des bateaux de pêche aux homards et aux crabes sont faits de fibre de verre. « L’idée de les construire en aluminium est très innovante parce que les navires sont ainsi plus écologiques, entièrement récupérables et faits d’une ressource 100 % québécoise, note-t-elle. Le monde de la pêche entretenait une crainte face à l’aluminium, le croyant moins solide, alors que notre aluminium est spécialisé marin. Aujourd’hui, traité de cette façon, il est plus léger et plus fort que l’acier. On s’en va vers là, c’est l’avenir. »
Rapidement, FMP a réalisé que ses installations ne suffiraient pas à la demande, alors que la construction d’une seule embarcation mobilisait toute l’usine. C’est pourquoi l’entreprise a dû procéder à plusieurs agrandissements en peu de temps. En 2021, elle a également fait l’acquisition d’une table de découpe au plasma, pour se donner encore plus d’autonomie et réduire les délais de production.
Depuis son ouverture, Conception navale FMP a construit quatre crabiers d’acier, deux crabiers d’aluminium de petit gabarit, quatre homardiers d’aluminium dont un hybride, qui intègre donc un moteur électrique. « Nous avons construit le tout premier homardier à propulsion hybride destiné à la pêche commerciale au Canada, souligne fièrement Catherine Doiron. Il débutera ses activités au cours de 2023. Le système d’hybridation existait déjà pour les embarcations de loisirs, nous l’avons adapté à l’utilisation commerciale. Notre navire est 100 % récupérable et plus économique, il peut rouler seulement à l’essence, en mode hybride ou entièrement à l’électricité. Nous finalisons présentement en cale sèche un deuxième navire hybride, qui sera livré en mars 2023. »
Une technologie d’avenir
L’industrie navale s’en va vers l’électrification et pour l’heure, Conception navale FMP est la seule à offrir cette technologie. « Les gouvernements canadiens planchent sur la décarbonisation des océans et avec notre offre, on se positionne avantageusement sur l’échiquier, explique directrice adjointe. On est très fiers parce que notre technologie est exportable, mais aussi transférable. Quelqu’un qui a un bateau traditionnel peut y intégrer notre technologie sans avoir à tout changer son embarcation. »
Par ailleurs, l’entreprise prépare une autre belle innovation. Il s’agit d’un nouvel équipement de levage pour les cages à homards. Il faut savoir que ceux-ci fonctionnent traditionnellement à l’aide d’un moteur diesel. L’équipement a été électrifié. En plus d’être moins polluant et plus économique, il est ainsi beaucoup moins bruyant.
À moyen et court termes, Conception navale FMP poursuit l’objectif de développer l’hybridation pour les bateaux de pêche de plus fort gabarit. « C’est un beau défi, les navires de pêche disposent d’espaces restreints, notamment dans la salle des moteurs, et il en faut pour contenir des batteries. L’industrie doit revoir l’organisation de l’espace pour arriver à obtenir une autonomie raisonnable qui rende vraiment intéressante l’hybridation. On compte y travailler pour les 4 à 5 prochaines années. »
L’électrification des transports est nécessaire pour arriver à la décarbonisation de plusieurs industries. Avez-vous mis en place des solutions visant à atteindre cet objectif? Partagez-nous votre histoire.
