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Des dirigeants d’entreprise mieux formés pour favoriser l’innovation

Moins diplômés que ne le sont en moyenne leurs compatriotes de l’Ontario et de la Colombie-Britannique, les dirigeants de PME du Québec ont nettement moins tendance à investir en technologies de pointe et en innovation, ce qui expliquerait en grande partie le retard de productivité des entreprises québécoises. Ce frein à la croissance économique ne date pas d’hier et ne semble malheureusement pas sur le point de s’estomper.

Le Québec économique consacre son chapitre 7 à l’étude de la formation des dirigeants des petites et moyennes entreprises (PME). En tant qu’important vecteur d’innovation, le niveau de formation des dirigeants tend en effet à déterminer un réel lien de cause à effet avec la performance des organisations.

« Moins diplômés, les entrepreneurs québécois seraient moins susceptibles d’adopter une technologie de pointe, et à chercher à se démarquer par le biais de l’innovation. » Dans un même ordre d’idée, « les dirigeants les mieux formés semblent agir comme catalyseur en favorisant l’adoption de meilleures pratiques d’affaires », avance-t-on dans le document.

De ce fait, sachant que les PME sont responsables de 86,4 % des emplois privés au Québec, on comprend mieux l’impact qu’un manque à gagner en innovation et productivité peut avoir sur la croissance économique.

« Les entreprises québécoises investissent peu, elles ont une plus faible propension à l’innovation, et plusieurs d’entre elles misent sur la faiblesse relative de la devise canadienne pour assurer leur compétitivité, peut-on lire dans le rapport. Pour renverser la tendance, on devra donc chercher à comprendre pourquoi les entreprises québécoises tardent à modifier leurs comportements. Une partie de la réponse pourrait vraisemblablement se trouver du côté des dirigeants des PME québécoises. En étant toutes proportions gardées moins nombreux à détenir un diplôme universitaire, les dirigeants québécois auraient une plus faible propension à l’innovation, ce qui expliquerait en partie le retard de productivité du Québec. »

L’étude met entre autres en évidence qu’au cours des trois dernières années, moins du tiers des PME dirigées par des gens peu diplômés (diplômes d’études secondaires ou moins) ont décidé d’implanter une technologie de pointe dans leurs installations. Cette proportion est toutefois presque doublée (60 %) dans le cas des dirigeants bacheliers et monte même à 64 % pour les dirigeants titulaires d’un diplôme de deuxième ou troisième cycle universitaire. L’impact du niveau de formation se répercute de différentes façons, les innovations organisationnelles tendent à se démarquer du lot, tout comme le nombre de propriétés intellectuelles détenues.

Des diplômés universitaires ailleurs au Canada

Les différences interprovinciales notables qui existent entre le Québec et les autres provinces canadiennes, notamment l’Ontario et la Colombie-Britannique, qui sont toutes deux nettement en avance en matière de productivité, sont encore une fois attribuables à la diplomation universitaire. « Les dirigeants de PME québécoises auraient donc un important retard au chapitre de la diplomation universitaire, une réalité fort préoccupante du point de vue de la productivité considérant le lien présumé avec l’innovation et l’utilisation de technologies de pointe. »

Les auteurs terminent en invitant le gouvernement à prendre en considération leur chapitre dans les réflexions futures au sujet de l’entrepreneuriat au Québec, estimant que celui-ci permettrait de mettre en place des interventions plus performantes et porteuses d’avenir. Ils estiment que les décideurs publics devront s’assurer que les entrepreneurs comprennent bien l’importance de l’innovation et de l’investissement avant de proposer de nouvelles mesures. Dans le cas contraire, on vivra un statu quo, concluent-ils.

Le chapitre 7 du Québec économique a été rédigé par Jonathan Deslauriers, directeur adjoint du Centre sur la productivité et la prospérité de la Fondation Walter J. Somers, Jonathan Paré, professionnel de recherche au Centre sur la productivité et la prospérité de la Fondation Walter J. Somers et Robert Gagné, professeur titulaire à HEC Montréal, directeur du Centre sur la productivité et la prospérité de la Fondation Walter J. Somers et fellow au CIRANO.

Consulter la version électronique de la dixième édition du Québec économique.

(Re)lire notre présentation globale de l’ouvrage Le Québec économique : Une meilleure adéquation souhaitée entre les compétences et les besoins du marché du travail.

Surveillez notre publication à venir présentant plus précisément la section : Rehausser le niveau de connaissances et de compétences en IA de l’étude du CIRANO.

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