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La vision du Conseil de l’innovation pour un Québec innovant


Depuis sa création en 2021, le Conseil a mené, avec le ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec, de nombreuses activités pour mieux comprendre les grands enjeux et défis liés à l’innovation, mais aussi pour identifier et documenter les meilleures pratiques et les pistes d’avenir.

L’objectif était de déterminer les approches novatrices et les avenues les plus porteuses afin de maximiser à long terme la création de richesses économiques et sociales à partir des activités de recherche et d’innovation et faire du Québec de demain une société plus prospère, bienveillante et durable.

Des axes de réflexion

À l’instar des organismes consultés, le Conseil s’est attardé en particulier aux axes de réflexion suivants :

  • L’importance de la recherche scientifique, à la fois comme pipeline de découvertes, moteur d’innovations de rupture;
  • Un écosystème de la recherche et de l’innovation, plus agile, performant et efficient, un cycle d’innovation complet et fluide, une offre de soutien à l’innovation complète et utile;
  • Le développement de l’innovation au sein des entreprises : freins, exemples à suivre, culture, compétences, savoirs et savoir-faire, financement, formation, accompagnement, etc.
  • La création de richesses et la croissance du Québec : entrepreneuriat et intrapreneuriat innovants, accélération du passage de l’idée au marché, financement de l’innovation, allègement réglementaire, stratégies sectorielles, etc.;
  • La formation d’une main-d’œuvre hautement qualifiée en recherche et en innovation pour nos entreprises et nos organismes, et ce, dans toutes les régions du Québec.
  • Les engagements du Québec en matière de développement durable et d’innovation sociale, les défis de demain et les moyens de les surmonter : recherche orientée, mission, recherche intersectorielle, instruments novateurs d’appels de propositions et projets, etc.

Les membres du Conseil de l’innovation ont pris en considération et analysé chacune des discussions et chacun des rapports produits au terme de ces activités. Ce travail de synthèse a permis de dégager de grands constats, puis, à la lumière de leurs perspectives sur le présent et l’avenir du Québec, de formuler des recommandations pour faire du Québec, un lieu plus innovant.

Les grands constats

Les grands constats peuvent être regroupées autour des six problématiques : 

  1. la main-d’oeuvre et les talents, qui sont le nerf de la guerre dans la majorité des secteurs en ce moment et qui représentent un frein à plusieurs démarches d’innovation, et ce sur deux fronts : la pénurie de main-d’oeuvre qui limite la capacité des organisations à prioriser l’innovation, et le nombre limité de personnel hautement qualifié, diplômés universitaires, bacheliers, maître et PhD;
  2. le soutien à l’innovation, qui est identifié comme complexe par les entrepreneurs, alors que certains jalons de la chaîne de financement sont mal adaptés aux réalités entrepreneuriales et que des secteurs qui devraient être plus développés (comme l’innovation sociale) sont peu pris en considération;
  3. la culture d’innovation, qui est peu développée chez les dirigeants d’entreprises et d’institutions publiques, et la culture d’entrepreneuriat qui doit constamment être peu valorisés auprès de la génération montante;
  4. la commercialisation, la mise en marché et l’accès aux marchés publics, qui représentent toujours un défi de taille pour les entreprises québécoises en général, et pour les startups en particulier;
  5. le développement durable et l’innovation sociale, deux priorités des jeunes leaders de la société québécoise qui sont soit absents dans les discussions de politiques d’innovation, soit négligés dans les programmes;
  6. la recherche fondamentale et la science, pour lesquels un engagement bonifié et non dirigé est espéré.

De nombreux atouts

Par ailleurs, les échanges ont permis de confirmer que le Québec peut déjà compter sur de nombreux atouts : 

  • Une solide expertise en sciences, en enseignement supérieur et en recherche publique.
  • Des acteurs engagés de tous les horizons – scientifiques, industriels, sociaux, environnementaux – et dans toutes les régions, qui distinguent nos procédés.
  • La capacité à réaliser des projets mobilisateurs, comme le fut la création des institutions de recherche, d’enseignement supérieur, de santé, de développement énergétique, les grappes industrielles, et comme le seront bientôt les zones d’innovation.
  • Un dynamisme économique, institutionnel et social dans des secteurs stratégiques.
  • La vitalité, le talent, la créativité, la diversité, l’engagement et le leadership grandissant de la génération montante de Québécois.

À la lumière de ces constats et observations, et fort de l’expérience de ses membres, le Conseil de l’innovation du Québec formule des recommandations qui lui apparaissent comme étant déterminantes et nécessaires afin de propulser l’innovation au niveau supérieur au Québec, à la hauteur des attentes de la génération montante et des défis de société auxquels nous faisons face. Ces recommandations s’inscrivent dans une vision à long terme visant à hisser le Québec au premier plan de la création de richesses économiques et sociales en investissant dans la recherche et l’innovation durable et inclusive. Pour y arriver, il est possible de miser de façon intentionnelle sur quelques domaines de pointe et s’appuyer sur un ensemble d’indicateurs qui permettront de mesurer les progrès.

Des recommandations pour un Québec innovant

Afin d’atteindre cette vision, le Québec doit redoubler d’efforts et d’agilité dans certains domaines. Les zones d’innovation qui seront mises en place au cours des prochains mois ont le potentiel de contribuer à propulser certains secteurs phares de notre économie. En plus, 10 recommandations sont formulées.

La première vise d’abord à miser sur l’innovation. Les États qui innovent davantage se développent mieux et plus rapidement. Ils connaissent une plus grande croissance de leur productivité. Or, les entreprises québécoises ont un rattrapage important à faire sur ce front. Un signal clair sur l’importance de l’innovation pour la prospérité de notre société doit être envoyé.

La vision de Québec innovant, telle que perçue par le Conseil de l’innovation, doit permettre de :

  • maintenir l’initiative autour de la recherche scientifique fondamentale et appliquée québécoise. Nous pourrons miser sur les structures déjà en place, en particulier les Fonds de recherche du Québec, pour y arriver;
  • développer et imprégner nos organisations et notre société d’une culture d’innovation forte, qui valorise l’esprit scientifique, la création et la transformation, l’entrepreneuriat et l’intrapreneuriat, et la commercialisation d’innovations;
  • redéfinir l’écosystème et sa gouvernance pour le simplifier, afin que les organismes et institutions travaillent en synergie avec les entreprises;
  • rendre plus fluide l’accès aux ressources disponibles en ce qui concerne les finances, les talents, le savoir et les données, et les mettre au service des entreprises et de la société québécoise;
  • rallier les chaînons du cycle « recherche, innovation et commercialisation/mise en société », dans une continuité cohérente;
  • faire des acteurs publics, parapublics et privés, de véritables tremplins de commercialisation qui propulsent des entreprises québécois sur la scène locale et internationale.
  • doter les décideurs de données et d’intelligence pour guider les décisions, donner une direction à suivre, mesurer le progrès, et soutenir la proactivité de tous les secteurs et régions.

De plus, les membres du Conseil sont d’avis qu’en matière d’innovation, il faut également prendre en compte les volets suivants, traditionnellement confinés à d’autres secteurs ou politiques publiques :

  • le talent et la main-d’oeuvre, pour accroître le développement de talents et de compétences pertinentes, ainsi que de solutions créatives pour faire face à une rareté de main-d’œuvre et de personnel hautement qualifié, en plus de viser l’augmentation des diplômés universitaires;
  • l’entrepreneuriat, pour accélérer le renouvellement de notre économie, le positionnement du Québec sur les nouveaux marchés, et la création de solutions nouvelles, durables et pertinentes;
  • l’innovation sociale, pour refléter les valeurs et aspirations des dirigeants et de la société, accélérer le développement de la société québécoise et les retombées du développement technologique et industriel en matière de transformation et de bien-être collectif;
  • le développement durable et la lutte aux changements climatiques, pour répondre aux préoccupations des générations montantes au sujet des grands défis de notre société et leur donner les moyens de s’approprier le monde de la recherche et de l’innovation pour construire une société plus inclusive et durable.

Les grands constats sur le Québec actuel

1- La recherche fondamentale est une prémisse importante de l’innovation.

2- La pénurie de main-d’oeuvre qualifiée et la chasse des talents sont sans précédent et s’accélèrent.

3- L’écosystème d’aide aux entreprises est complexe à comprendre.

4- La chaîne de financement manque de profondeur en amont et en aval.

5- L’aide gouvernementale requiert trop de temps et de ressources à obtenir.

6- Les programmes de financement ne sont pas adaptés à l’innovation sociale.

7- La culture de l’innovation est encore mal développée chez les dirigeants.

8- Le développement de la culture d’innovation est insuffisant chez les jeunes.

9- La culture entrepreneuriale tend à décliner.

10- La commercialisation est un défi pour les entreprises québécoises.

11- Les startups québécoises peinent à commercialiser leurs innovations au Québec.

12- La collaboration entre les organisations est sous-optimale.

13- Le virage vers le développement durable est difficile à amorcer.

14- Le « triple résultat » doit être pris en compte pour mesurer le succès des entreprises.

Les recommandations pour un Québec innovant

0- Garder le cap sur l’innovation

1- Assurer l’efficacité, la clarté et la complémentarité dans l’écosystème d’innovation et de l’entrepreneuriat innovant

  • Développer des indicateurs de performance à travers le baromètre de l’innovation
  • Permettre une gestion cohérente des écosystèmes d’innovation régionaux et sectoriels
  • Assurer une gestion cohérente des organismes de soutient à l’innovation
  • Améliorer la compréhension et l’accès à l’écosystème d’innovation et de recherche
  • Mettre en place des stratégies pangouvernementale
  • Accélérer l’intégration de la recherche et de l’innovation dans les ministères et favoriser une synergie interministérielle
  • Accroître l’efficience des processus administratifs gouvernementaux
  • Optimiser la communication et l’accès aux services, programmes et organismes de soutien à l’innovation

2- Augmenter l’engagement envers la recherche scientifique fondamentale et appliquée

  • Augmenter le financement à la recherche fondamentale
  • Créer des ponts entre les disciplines, les ordres d’enseignement, les secteurs d’activité, les régions
  • Miser sur la science ouverte et le libre accès aux publications québécoises pour accélérer le progrès scientifique
  • Mener des recherches sur les grands défis de société

3- Intégrer l’entrepreneuriat innovant dans les programmes, pour stimuler l’essor de startups comme parcours privilégié de l’idée au marché

  • Stimuler l’entrepreneuriat scientifique
  • Dynamiser l’écosystème de l’entrepreneuriat
  • Développer les synergies des ressources en accélération et accompagnement des entrepreneurs
  • Soutenir l’hypercroissance
  • Accroître le financement du démarrage

4- Intégrer la commercialisation pour couvrir tout le spectre de l’idée au marché ou à la société

  • Poursuivre et soutenir l’implantation du nouveau modèle de valorisation de la recherche publique
  • Modifier les cadres normatifs des programmes et mesures du MEI pour couvrir les dépenses de commercialisation
  • Créer un fonds de prêts pour la commercialisation dédié aux entreprises innovantes
  • Stimuler le développement d’intelligence d’affaires pour les entreprises et industries clés
  • Transformer la mission de certains centres de recherche appliqués pour maximiser leurs retombées sur l’industrie et la création de valeur
  • Poursuivre la promotion de l’exportation dans les stratégies de commercialisation des entreprises

5- Prioriser le développement de compétences, de main-d’oeuvre qualifiée et de talent

  • Inclure des critères « talents et main-d’oeuvre » aux programmes de soutien à l’innovation du MEI
  • Connecter les programmes pertinents entre les ministères
  • Développer des mesures pour adapter la formation et innover en requalification de la main-d’œuvre
  • Proposer une offre de formation destinée aux dirigeants d’entreprise
  • Développer une offre de mentorat
  • Définir un nouveau paradigme de développement économique
  • Contribuer à l’embauche de chefs et directions de l’innovation au sein des entreprises
  • Mettre en place des programmes jeunesse en STIM et préparer une mise à jour du cursus scolaire

6- Développer la culture d’innovation chez les dirigeants et dans la société québécoise

7- Développer des incitatifs à l’achat d’innovations québécoises de la part des données d’ordre publics et privés

8- Définir des domaines d’action ou secteurs prioritaires

9- Prioriser le développement durable et la lutte aux changements climatiques

10- Intégrer l’innovation sociale dans les programmes

  • Financer des projets pour faire face aux grands défis de société
  • Lancer l’élaboration d’un plan d’action québécois en innovation sociale et durable
  • Refondre les programmes de financement de l’innovation sociale pour en multiplier l’impact
  • Miser les travaux en cours en valorisation de l’innovation sociale
  • Développer des mesures pour en gagner les milieux preneurs dans l’innovation sociale
  • S’intéresser aux objectifs de développement durable de l’ONU pour pouvoir les atteindre
  • Exiger une dimension d’innovation sociales dans les zones d’innovation
  • Créer un fonds de capitaux pour l’investissement en innovation sociale

Ces recommandations s’inscrivent dans une vision à long terme visant à hisser le Québec au premier plan de la création de richesses économiques et sociales en investissant de façon ambitieuse dans la recherche et l’innovation durable et inclusive, dans une continuité accentuée et mieux intégrée que jamais de l’idée au marché, de la science à la société.

Ensemble, dans un nouveau contrat social, redoublons d’ambition pour se démarquer ici et ailleurs dans le monde dans des secteurs phares qui sont les nôtres. 

Catalysons les savoirs-faire et l’expertise de l’ensemble des acteurs de l’écosystème. Appuyons-nous sur des indicateurs de performance intégrés sur l’ensemble de la chaîne d’innovation. Face aux grands défis de société, visons sans gêne la performance et l’impact comme mesure de succès véritable. 

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