Faits saillants de la publication Géographie de l’enseignement supérieur au Québec, produit par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Le Québec a comme ambition de devenir un chef de file en innovation et en entrepreneuriat en Amérique du Nord. Pour y arriver, il entend miser sur ses établissements d’enseignement supérieur (ÉES). Ceux-ci jouent déjà un rôle déterminant en participant au développement des compétences et à l’émergence de nouveaux talents, en contribuant à leur communauté respective et en permettant aux entreprises, aux organisations publiques et à la société civile d’entrer en relation.
« Contrairement à la croyance populaire, les entrepreneurs et les innovateurs ne sont pas des acteurs qui agissent seuls. Ils appartiennent à des communautés et à des réseaux qui les aident à générer les conditions propices à leur réussite. […] Les ÉES contribuent à l’entrepreneuriat dans leur milieu à travers l’enseignement, la recherche et les activités collaboratives. » – OCDE
Au sujet de la publication
Après la Suède, le Québec est la deuxième nation étudiée par l’OCDE pour explorer l’impact local et régional des établissements d’enseignement supérieur (ÉES) sur l’entrepreneuriat et l’innovation, en plus de présenter certaines recommandations.
La publication Géographie de l’enseignement supérieur au Québec est le résultat de deux séjours d’études au Québec auxquels ont participé des experts internationaux, de 10 études de cas, de 3 sondages ainsi que de l’analyse de références internationales.
En quoi le Québec se distingue
- Les établissements d’enseignement supérieur du Québec ont un historique de collaboration avec leur écosystème respectif;
- La Stratégie québécoise de recherche et d’investissement en innovation (SQRI2 ) vise à créer des synergies et à stimuler la recherche sous toutes ses formes, à propulser l’entrepreneuriat scientifique et à répondre aux grands défis sociétaux;
- Les 48 cégeps et 59 CCTT (centre collégial de transfert de technologies) présents dans toutes les régions, qui établissent des liens directs entre les établissements d’enseignement et leur écosystème;
- La présence d’un scientifique en chef, d’un innovateur en chef et d’un conseil de l’innovation.
Faits intéressants
Occasions d’apprentissage formelles et informelles liées à l’entrepreneuriat
Les étudiants peuvent avoir de la difficulté à trouver l’équilibre entre leurs engagements entrepreneuriaux et le maintien de leurs performances académiques. Des mesures incitatives pourraient les encourager à s’engager davantage dans des projets d’entrepreneuriat pendant leurs études.
Le diagramme présente la répartition des réponses entre les 28 cégeps et les 14 universités ayant participé au sondage. Chaque valeur illustre le nombre de cégeps et d’universités qui a choisi une réponse, sur l’ensemble des répondants.
Nombre d’ÉES ayant déclaré participer à des stratégies industrielles
Les politiques publiques, tant au niveau fédéral que provincial, permettent aux ÉES de collaborer avec des partenaires externes de leur communauté respective.
Le diagramme montre la répartition des réponses entre le nombre de CCTT et d’universités qui ont déclaré participer à des stratégies industrielles. Chaque valeur illustre le nombre de CCTT et d’universités qui a choisi cette réponse, sur le total des répondants.
Présence d’incitatifs pour favoriser les activités de collaboration externe
L’incitatif le plus commun pour favoriser des activités de collaboration est l’ajout de ce critère pour accorder une promotion.
Le diagramme présente la répartition des réponses entre les CCTT et les universités qui ont déclaré offrir des incitatifs à la collaboration externe. Chaque valeur illustre le nombre de CCTT et d’universités qui a choisi une réponse, sur l’ensemble des répondants.
Principales recommandations
Le rapport met en lumière l’importance de miser sur le désir et la capacité d’entreprendre des individus afin de libérer tout le potentiel entrepreneurial du Québec. Les ÉES de partout dans la province peuvent contribuer positivement à développer cet état d’esprit, en participant aux interactions entre les milieux de travail et les écosystèmes d’innovation et en s’engageant davantage auprès des entreprises, notamment les petites et moyennes entreprises (PME).
Voici les 4 principales recommandations pour accroître l’impact des ÉES sur l’entrepreneuriat, l’innovation et le développement socio-économique du Québec.
1- Créer davantage d’espaces de collaboration pour soutenir l’entrepreneuriat étudiant
Bien qu’en plein essor, les activités d’entrepreneuriat étudiant dans les ÉES du Québec semblent généralement fragmentées entre les disciplines universitaires (économie, santé, etc.). Cette situation nuit à l’efficacité et à la croissance des activités d’entrepreneuriat étudiant. Les autorités provinciales pourraient envisager la création d’espaces communs permettant une approche multidisciplinaire. Ce type de hub pourrait être particulièrement pertinent à Montréal, qui est en voie de devenir un leader entrepreneurial mondial. Un hub commun, proposant des services partagés aux différents acteurs de l’écosystème montréalais, permettrait une meilleure coordination des initiatives, tout en favorisant le choc des cultures, les rencontres interdisciplinaires et la pollinisation croisée.
EXEMPLE
La dimension écosystémique de l’entrepreneuriat
Le cas de l’université d’Aalto (Finlande)
« L’objectif est de transformer notre campus en un seul et unique hub collaboratif. » Ainsi, l’établissement d’enseignement cherche à agrandir son campus d’Otaniemi afin d’en faire un « lieu d’effervescence » et de le « structurer pour encourager l’émergence de regroupements thématiques et multidisciplinaires, ainsi que l’innovation ouverte ».
Sources : Université Aalto, 2018; Technopolis, 2018.
2- Miser sur les cégeps et les CCTT pour solidifier les écosystèmes entrepreneuriaux dans l’ensemble des régions
Les CCTT pourraient offrir des formations en entrepreneuriat aux particuliers et aux entreprises (y compris celles qui sont déjà bien établies), ce qui favoriserait l’innovation et la croissance économique dans toutes les régions du Québec. Toutefois, il est important de noter que les entretiens ont révélé que les cégeps affirment avoir de la difficulté à mettre à jour leurs programmes d’enseignement afin de refléter les compétences recherchées par les entreprises.
EXEMPLE
Des centres de recherche et de technologie plus intégrés
Le cas de RISE (Suède)
RISE (3000 employés) est le résultat de la fusion de plusieurs des plus grands centres de recherche et de technologie suédois en un seul groupe institutionnel qui a débuté en 2016. Il fonctionne désormais de manière plus intégrée, organisé en cinq divisions et six domaines d’activités, sans mention des membres fondateurs.
3- Impliquer progressivement le ministère de l’Enseignement Supérieur (MES) dans les politiques publiques en lien avec l’entrepreneuriat et l’innovation, notamment en lui faisant une place dans les zones d’innovation
Le MES pourrait utiliser les zones d’innovation comme bancs d’essai pour introduire des incitatifs et des opportunités pour les universitaires et les étudiants (par exemple, en faisant la promotion d’un statut d’«étudiant entrepreneur»). Cela permettrait d’augmenter les retombées des activités collaboratives et participer au mouvement de création d’entreprises dans ces zones. Ces initiatives pourraient éventuellement être étendues dans tous les milieux entrepreneuriaux de la province (et pas uniquement dans les zones d’innovation).
4- Promouvoir le développement d’une vie sociale et communautaire à l’intérieur des zones d’innovation
Il importe de connecter les jeunes pousses et l’éducation entrepreneuriale aux considérations de bien-être et de développement durable dans les zones d’innovation. Les dimensions sociales et communautaires sont essentielles et ne doivent pas être négligées dans le développement des zones d’innovation.
EXEMPLE
Mettre en relation tous les acteurs de l’écosystème
Le cas de l’Academy of Smart Specialisation, Université de Karlstad (Suède)
Il s’agit d’un bon exemple d’ÉES qui a créé de nouvelles instances spécifiquement dans le but d’établir des liens avec les acteurs régionaux. Ainsi, l’Academy of Smart Specialisation soutient plusieurs centres de recherche pluridisciplinaires, dont un centre d’études sur le genre qui est cogéré par l’université et les acteurs publics. Tous les centres contribuent au développement économique régional. Leur présence fait également en sorte que les autorités régionales peuvent mieux identifier les opportunités d’innovation en lien avec leur réalité.
Télécharger ce texte en version PDF.
Disponible depuis le 25 mai 2023.
Disponible depuis le 22 mai 2023.
Les faits saillants ont été dévoilés le 5 mai 2023, dans le cadre du 90e congrès de l’Acfas. Pour visionner l’événement, veuillez consulter la vidéo suivante :